Lisa Macadam Une silhouette masculine frôle le mur du parking. C'est le matin, la proximité du parking et du marché anime le ballet des passants qui vont et viennent. L'été s'est installé sur la ville au festival très chic. Des vagues de touristes montent à l'assaut de la cathédrale, on les entend parfois s'extasier au loin au milieu des commentaires de guides en allemand, espagnol, anglais, italien, chinois... de près la silhouette masculine se féminise : Lisa s'avance tee shirt résille et pantalon informe, la bouche vaguement rouge et une légère barbe naissante. Elle parle pour elle-même ou interpelle les passants, leur offrant son sourire ou quelques mots, contre une pièce de monnaie.Elle s'assied sur le trottoir appuyée contre un porche en pierre de rogne. Tu ne me regardes pas
moi si
je sens bien ta gêne de me voir là
à même le sol
passe vite
ne dis pas bonjour
tu as peur sans doute monsieur
la différence ça pourrait bien être contagieux Ton regard vieille femme
je le croise et m'y reflète
avec le temps va rien ne passe
on se sent rongée de l'intérieur
voûtée par la vie
je le suis aussi parfois
fatiguée ton chariot de courses roule sur mon macadam Je ne me suis pas trompée de lèvres
de rouge à lèvres
je suis femme oui femme jusqu'au bout des doigts des seins ils pointent en flèche de mon enfance à aujourd'hui une trajectoire toute droite je suis reine du caniveau
non je ne me suis pas trompée
par le rouge sur mes lèvres et la poudre sur mon visage
je suis femme
la nature s'enmêle parfois à la distribution des cartes
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